Ambre... où le bonheur d'aimer 

Signé Ambrosine

BDSM / Érotique




Extrait


Ambre... ou le bonheur d'aimer

Roman

 

Ambrosine

 

La liberté, c'est de pouvoir choisir celui dont on sera l'esclave.

Jeanne Moreau

 

Mon souhait exaucé

 

Les yeux bandés, j'étais guidée par mon amant. J'ignorais où il m'emmenait. Je savais seulement que je serais instruite, parce que j'avais accepté, souhaité même,  l'apprentissage de la soumission. J'espérais ainsi m'approprier, en retour, l'exclusivité de son amour. 

 

C'est ainsi qu'a commencé mon initiation pour devenir la soumise de mon Maître, Ange. 

 

Brillante et dominatrice depuis les années de lycée, je prenais plaisir à séduire mes amies, à les entendre gémir sous mes baisers et mes caresses. Je n'avais alors aucune considération pour les garçons que je trouvais immatures, stupides, incapables de me donner envie de les désirer. J'avais cédé une fois, en fin d'année de terminale, à un copain fou amoureux de moi. Mais son inexpérience et le fiasco de cet acte à la sauvette m'avaient dissuadée de renouveler l'expérience. 

 

Journaliste de mode, mes conquêtes se sont poursuivies avec de jeunes mannequins sensibles à mon charme de métisse asiatique androgyne.

 

Ange a bouleversé la nature de mes relations depuis qu'il a posé son regard sur moi et est entré dans ma vie. Stature inspirant autorité et respect, il a été l'homme rassurant, l'épaule protectrice sur laquelle j'ai aimé lâcher prise. Amant merveilleux, il m'a révélé une autre forme de sexualité sans tabous, le plaisir du consentement, le bonheur de l'abandon. J'étais tombée éperdument amoureuse de cet homme. 

 

Tout a changé lorsque j'ai su (au détour d'une conversation) qu'il était aussi, dans une vie parallèle, ce qu'il est convenu d'appeler un "Dominant" participant à "l'éducation" de soumises. J'ai été jalouse (très) de ce jardin secret qui suppose des sentiments très forts pour d'autres jeunes femmes, et contrariée d'en être tenue à l'écart, d'autant plus qu'il refusait que nous fassions appartement commun. 

 

Alors j'ai joué finement pour le convaincre d'accepter de m'initier comme il le fait pour d'autres. S'il me le demandait, j'accepterais même de m'ouvrir à d'autres, de lui appartenir comme O à son amant. J'avais éprouvé beaucoup d'émotion à lire Histoire d'O. Je me sentais proche d'elle. 

 

Je lui ai d'abord avoué désirer aller plus loin dans notre relation. Ange a fait la sourde oreille, seulement sourcillé et souri. Choisissant le moment, je suis revenue sur mon désir d'être encore plus à lui. Moqueur, il m'a répondu que « La soumission est beaucoup plus que le fantasme d'un simple jeu consenti de comportement passager ». J'ai insisté, revenant à la charge. Il me répondait « Nous verrons ». Sauf cette fois où il a été plus catégorique : « Ce n'est pas pour toi, mon coeur. Je ne te vois pas dans ce schéma. Tu ne te rends pas compte de tout ce que ça implique d'obéissance, de frustration, de souffrance physique et psychologique. » 

 

Enfin un jour, j'ai compris que mon insistance et ma détermination avaient fini par l'emporter. De guerre lasse, l'homme dont je suis éperdument amoureuse m'a lâché : « Tu y tiens vraiment ? Tu sauras que ton souhait sera exaucé quand, dans la voiture, tu seras préparée comme O emmenée à Roissy par son amant. » 

 

Depuis cette quasi promesse, chaque jour qui passait sans qu'il m'en fasse la surprise augmentait mon besoin d'abandon, mon désir de m'ouvrir à des inconnus, peut-être de jouir et d'en être punie. Désir de femme libre, seulement inquiète de ne pas pouvoir supporter la souffrance associée aux plaisirs extrêmes. Souffrance que j'envisageais inéluctable. Mais en même temps impatiente de la subir. Je m'employais à lui prouver quelle amante docile et sans tabous je savais être, allant au devant de ses désirs, bien qu'il ne les formulait pas comme étant des exigences. Sans trop le laisser paraître, je veillais aussi à toujours être soignée jusqu'aux ongles, séduisante, habillée de manière à être facilement accessible. 

 

Quelle ne fut pas ma surprise, apprêtée pour une soirée de concert à l'opéra, ensemble jupe et veste sur un chemisier, dessous en soie, bas et escarpins à talons, lèvres fardées, une pochette avec l'essentiel à toujours avoir avec soi, de m'entendre dire, assise à l'arrière du taxi à côté de mon amant : « Nous n'irons pas écouter Wagner. Si tu es toujours d'accord, ce soir sera le début de ton initiation. Tu devras obéir à tout ce que moi, et d'autres, nous te demanderons. Mais d'abord, tu dois être nue sous ta jupe et ton chemisier. Tu n'as pas besoin non plus de ta pochette. »

 

Comme je dirigeais mon regard inquiet vers le chauffeur du taxi, Ange ajouta : « Ne t'inquiète pas pour le chauffeur, il a l'habitude. »

 

Ces paroles, énoncées avec l'assurance et le calme qui caractérisent Ange, m'ont glacée. La surprise, car c'en était une, m'a figée un instant et provoqué l'emballement incontrôlé des battements de son coeur. Levant les yeux vers le rétroviseur, croiser le regard du chauffeur m'a mise mal à l'aise. J'ai défait le noeud de mon chemisier et plusieurs boutons. Pour le soutien-gorge, il me suffisait de défaire l'attache entre les bonnets pour libérer les seins. Mais Ange avait tout prévu. Ouvrant un petit canif, il a tranché les bretelles et me l'a ôté. J'avais maintenant les seins exposés librement. Il me restait à me soulever pour remonter la jupe et faire glisser la culotte. Ce n'était pas facile en roulant. Mon amant s'en est emparé comme il avait fait du soutien-gorge. Alors que je m'apprêtais à me relever pour rabaisser la jupe, il a stoppé mon geste.

 

« Reste comme tu es et écarte les cuisses. Tu dois ressentir que tu es ouverte et offerte. Reboutonne ton chemisier, mais il est inutile de refaire le noeud. » 

 

J'étais nue comme il avait demandé que je le sois. Je me rappelle m'être étonnée qu'il ne me caresse pas comme il aimait à le faire pour affirmer sa possession de moi et que j'en fus déçue, tant je me sentais offerte et disponible, dans un taxi qui roulait vers une destination inconnue au-delà des limites de la capitale. Il sortit quelque chose de sa sacoche.

 

« Tourne ta tête vers la vitre, je vais te mettre ce bandeau. Tu ne dois pas savoir où je t'emmène. »

 

Le taxi roula encore un long moment. J'avais spontanément posé mes mains à plat sur le siège le long de mes cuisses. Ça me faisait une drôle de sensation d'avoir les cuisses nues, écartées, de sentir le souffle de la ventilation sur mes lèvres entrebâillées. A la pensée que le chauffeur pouvait apercevoir ce que j'offrais à sa vue, mon cœur se remit à battre en mode accéléré. Plongée dans ma nuit, je me laissais aller à gamberger en boucle sans oser rompre le silence, partagée entre l'envie de dire à Ange combien je l'aime, et des questions sans réponses. Pourquoi ne me parle-t-il pas, ne me caresse-t-il pas, ne me fouille-t-il pas pour me faire gémir comme il aimait à le faire quand j'étais ainsi offerte ? S'est-il déjà détaché de moi pour m'offrir à d'autres ? 

 

Il ne parla qu'une fois rendus, « Nous sommes arrivés. Tu obéiras à tout ce qui te sera demandé. On t'expliquera comment te comporter. Je t'aime. » et je fus rassurée. Il m'avait dit « Je t'aime ».

 

Comme dans un rêve éveillé, je me surpris à murmurer, tant ma voix était à peine perceptible, ce que j'avais eu très envie de lui dire mais à quoi j'avais renoncé : « Je t'aime. Fais de moi tout ce que tu voudras que je sois. »

A suivre 

 

 

Table des matières

Pages

Mon souhait exaucé ...........................................    1

La liberté, c'est de pouvoir choisir 

celui dont on sera l'esclave.

Jeanne Moreau

L'initiation ..........................................................  29

« On ne naît pas soumise, on le devient » 

Manon Garcia 

(Philosophe française féministe, 

professeure à l’Université de Chicago)

Soumise et fière de l'être ..............................  67

« J'aime l'idée de ne pas savoir ce qui va m'arriver,

je trouve cela très relaxant. 

L'homme qui me domine m'encourage à faire 

des choses que je trouve difficiles et excitantes. 

Le satisfaire me procure un sentiment de victoire. »

Sophie Morgan 

(Journal intime d'une femme soumise)

Le bonheur d'aimer ......................................  77

« Il n'y a qu'un seul bonheur dans la vie,

c'est d'aimer et d'être aimé »

George Sand









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